« Vie privée » de Rebecca Zlotowski ***

Rebecca Zlotowski réalise un film inclassable (Comédie ? Drame ? Thriller ? Film psychologique ?) avec un casting de haut vol (Jodie Foster, Daniel Auteuil, Virginie Efira, Vincent Lacoste, Mathieu Amalric..)

Lilian Steiner, psychiatre ayant pignon sur rue, mère et grand-mère apparemment négligente, divorcée d’un ophtalmologue, commence sa journée avec un patient l’assaillant de reproches. Plus tard, elle apprend avec sidération, le suicide d’une patiente.

Commence pour elle une quête de la vérité sur cette tragédie. Elle emprunte une trajectoire retorse, passant par une hypnothérapeute, des obsèques, des filatures, une agression, un cambriolage.

Cette aventure devient finalement un rendez-vous avec elle-même et sa famille.

Si je n’ai pas toujours compris où veut nous mener la cinéaste dans ce cheminement compliqué, si l’émotion n’est pas forcément au rendez-vous, j’ai trouvé certains passages franchement drôles, et la ou les conclusions très satisfaisantes.

Sur Sens critique.

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« Le chant des forêts » de Vincent Munier *****

Vu en avant-première au théâtre du Peuple à Bussang, en présence de Vincent, Michel et Simon Munier.

Une plongée panoramique sur les forêts de sapins vosgiennes bleutées, enveloppées par une brume mobile en écharpe ; ainsi débute « le chant des forêts », le dernier documentaire de Vincent Munier, tourné dans les Vosges et et en Norvège.

C’est une histoire de famille, de générations, de transmission. Tout a commencé avec la passion du grand-père naturaliste, Michel Munier, pour les vieilles forêts vosgiennes et les heures passées à l’affût des derniers grands tétras. Si cette espèce s’est éteinte dans les Vosges, elle perdure en Norvège, où Michel Munier emmène son petit-fils Simon, afin d’en observer vers le cercle polaire Arctique.

Mais en l’absence du grand tétras, « des coeurs continuent de battre » dans les forêts vosgiennes, l’observateur aguerri peut y rencontrer des troglodytes, des pics, des chouettes, des hiboux, des martres, des renards, des blaireaux, des nuées d’étourneaux, toute une vie animale et végétale qui n’a pas attendu les humains pour se développer.

Parfois des rencontres impromptues avec le lynx ou les cerfs en rut et les biches, ont lieu.

Le film bénéficie d’un travail artistique remarquable, réalisé avec une rare finesse. La caméra capte ici et là, une oreille, un flanc, des bois, des pattes, un oeil, un ou plusieurs animaux, dans le flou, à contre-jour, sous la pluie, dans la brume, derrière un arbre ; parfois des rencontres de face, les bêtes entières, en arrêt ou en mouvement sur les images, avec de subtils jeux d’ombres et de lumières.

La bande son avec des bruits enregistrés en forêt parfois doublés par une musique discrète et profonde, donne une dimension sensorielle supplémentaire aux images.

Vincent Munier crée des moments de grâce et donne tout son sens à la notion de vie sauvage, grâce à son regard qui sait capter le furtif et le vivant.

Sortie en salles le 17 décembre, je conseille vivement ce film rare.

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« Deux procureurs » de Serguei Loznitsa *****

Sergueï Loznitsa, cinéaste ukrainien, a réalisé son film en partie en Lettonie dans une prison de Riga, d’après une nouvelle écrite en 1969 (redécouverte en 2009) par le physicien dissident et emprisonné au goulag, Georgy Demidov. Certains des acteurs, russes, ont quitté la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.

Le film est projeté dans un format carré, avec une caméra non mobile. Tout se passe et se dit à l’intérieur de différents plans fixes. Une musique burlesque rythme parfois l’histoire.

En 1937, en URSS, à Briansk (à près de 400 km au sud de Moscou), les portes d’une prison s’ouvrent. Un homme y est placé dans une cellule avec des dizaines de lettres à brûler. Ce sont les doléances auprès de Staline, de citoyens soviétiques injustement torturés et condamnés.

Plus tard, un homme se présente devant les portes de la prison. Le gardien le laisse entrer, sous les yeux las de dizaines de femmes vêtues de noir. C’est un jeune procureur idéaliste, Kornev (Aleksandr Kousnetsov), qui a, on ne sait comment, intercepté la lettre de doléances d’un certain Stepniak.

Le procureur Kornev ira jusqu’à Moscou chez le procureur général de Staline, Andreï Vychinski (qui a réellement existé), pour demander justice face aux excès du NKVD (les services secrets).

A partir du cas particulier fictif du détenu Stepniak, Loznitsa dissèque un mécanisme sans issue et permet une vision vertigineuse et glaçante du système soviétique, notamment de la terreur d’avant 1940.

C’est en virtuose qu’il filme le milieu carcéral, en faisant déambuler le jeune procureur de grille en grille, de porte en porte, de cour en cour ; chacune avec sa serrure et ses clés, ses gardiens aux airs bestiaux et ses murs décrépis verdâtres.

Qu’il filme l’imposant ministère de la justice, avec les fonctionnaires vêtus sombrement, les escaliers interminables, les anti-chambres bondées.

Qu’il filme les voyages en train, tantôt en 3ème classe avec des hommes mutilés et cabossés par la vie, ayant compris les failles de ce monde depuis longtemps ; tantôt en 1ère classe avec des compagnons visiblement sympathiques et éduqués, tenant des propos sibyllins.

Malgré le champ réduit (image carrée et plans fixes), le cinéaste trouve une liberté de ton remarquable pour dénoncer les ressorts d’une des pires dictatures du 20ème siècle.

Je suis contente que « Deux procureurs » soit projeté ici, il s’agit d’un de mes films préférés de cette année.

Sur le blog de Dasola, sur Le Tour d’écran, sur Christoblog.

Et sur Sens Critique.

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« L’étranger » de François Ozon ***/****

J’ai lu le roman d’Albert Camus il y a plutôt longtemps et je ne m’en souviens pas assez bien pour pouvoir effectuer une comparaison avec le film.

Je vais centrer mon billet sur le film.

Le choix du noir et blanc avec les forts effets de lumière et les silhouettes parfois très sombres a eu beaucoup d’impact sur moi. La chaleur intense, la dureté des moments difficiles, la moiteur des moments plus sensuels sont très prégnants.

L’Algérie de 1938 est représentée de façon élégante, toujours sous un soleil brûlant, avec une belle photographie de la mer. Cela dit, François Ozon met en relief discrètement les différences entre les français et les algériens, ainsi que les tensions perceptibles entre les populations.

Le personnage principal, Meursault (Benjamin Voisin), distant, parfois hors du monde, tenant des propos désarmants, attire, malgré ses côtés antipathiques, l’attention et l’intérêt. La lumière est essentiellement braquée sur lui, du début à la fin du film. Seul, le dialogue avec le prêtre dans la prison, permet de déchiffrer un peu la psychologie de cet homme « étrange ».

L’histoire est racontée de façon sobre et fluide.Tantôt en prison et avec des retours en arrière sur la vie de Meursault , l’enterrement de sa mère et le procès. Les moments que Meursault passe avec Marie illuminent l’ensemble. Il est difficile de comprendre comment l’amour de Marie ne lui donne pas l’énergie de se défendre.

J’ai beaucoup aimé tous les seconds rôles, très travaillés, joués par Rebecca Marder (Marie), Pierre Lottin (Raymond), Denis Lavant (Salamano), Swann Arlaud (l’aumônier), Christophe Malavoy (le juge), Nicolas Vaude (le procureur).

C’est un film très intéressant à découvrir.

Les articles de Dasola, de Princecranoir, de Christoblog.

Sur Sens critique.

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« Chien 51 » de Cédric Jimenez ***/****

Entre 3 et 4 étoiles pour le dernier Cédric Jimenez.

Cette dystopie se déroule à Paris dans un futur proche, dominé par l’intelligence artificielle, les drones et une police équipée et armée jusqu’aux dents.

Paris est partagée en 3 zones selon des critères sociaux, zones séparées par des check points quasiment infranchissables. Le ministre de l’intérieur (Romain Duris) laisse dominer l’illusion que le crime est contenu à Paris grâce à la collaboration entre la police et ALMA une intelligence artificielle.

Mais Kessel, le programmateur d’ALMA est assassiné devant chez lui. Salia (Adèle Exarchopoulos), commandante de police en zone 2 réquisitionne l’aide de Zem Brecht (Gilles Lellouche), lieutenant en zone 3 pour arrêter le supposé commanditaire de l’assassinat, un anarchiste, Jon Mafram (Louis Garrel).

Si j’ai compris assez rapidement le fin mot de l’histoire, mon plaisir n’a été en rien gâché. Les scènes d’action se succèdent, certaines excellentes, comme dans un blocbuster ou un bon Luc Besson (j’ai pensé à « Le cinquième élément ») ; l’écriture, nerveuse, donne du suspense à « Chien 51 ».

Ce que j’ai préféré c’est l’atmosphère de la ville, notamment dans les zones 2 et 3 de Paris, entre bétons tagués et fêtes décadentes, la tour Eiffel et le Sacré-Coeur, dans les rues envahies de véhicules ou de zonards.

Un bon moment de cinéma.

L’article de Princecranoir.

Sur Sens critique.

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« Amélie et la métaphysique des tubes » film d’animation de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han ****

Au Japon, fin des années 1960. Depuis sa naissance jusqu’à l’âge de 2 ans, la petite Amélie est une enfant qui semble absente au monde. Une voix off la représente, alors qu’elle pense être Dieu, incarné par une séries de tubes. Un événement très stimulant l’éveille aux autres et à son environnement, elle commence à parler, à marcher, à regarder autour d’elle.

Les scénaristes s’inspirent du roman de Amélie Nothomb, et racontent la petite enfance d’Amélie au Japon, à hauteur d’enfant, jusqu’à ses 3 ans.

Le film vaut le déplacement, non seulement pour l’histoire très touchante, sensible, laquelle malgré des apparences légères touchent à l’essentiel, au travers de thèmes graves (le deuil, la guerre) ; mais aussi pour le travail d’animation remarquable entre aquarelle et impressionnisme, dans un foisonnement et une déclinaisons de couleurs.

C’est une magnifique adaptation du roman centrée sur sa profondeur insoupçonnée. Je conseille vivement pour tous les âges.

Sur Sens critique.

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« Downton Abbey III : le grand final » de Julian Fellowes ****

Les 4 étoiles sont destinées aux aficionados de la saga, pour les autres spectateurs le film a peu d’intérêt, il s’ancre dans les souvenirs des années précédentes.

Londres 1930, la famille Grantham et des domestiques assistent à une représentation musicale au théâtre. Rapidement les journalistes encerclent Lady Mary qui vient de divorcer. Les 2 aïeules sont maintenant décédées, en Amérique et à Downton abbaye. La gestion des héritages se complique.

Je n’ai raté aucun épisode, ni aucun film de cette immense et passionnante saga située en Angleterre au début du 20ème siècle. Dans « le grand final » les questions de succession vont se poser : aussi bien dans la famille Grantham, que dans les cuisines de Downton Abbaye et pour le majordome.

Tout le monde est là, aussi bien chez les domestiques que dans la famille, avec des invités surprises.

J’ai eu la chance de voir le film en VOST. C’est un plaisir d’écouter ces dialogues raffinés, dans un Anglais déclamé de façon tout aussi raffinée (il y a aussi quelques américains).

Les acteurs ont l’air ravis et émus de se retrouver une dernière fois devant la caméra. Si l’intrigue est simple, j’ai beaucoup aimé l’ensemble du film fidèle à l’esprit de la Saga, avec une nécessaire conclusion.

Sur Sens critique.

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« A normal Family » de Hur Jin-Ho ****

En Corée du Sud de nos jours. Le film commence brutalement avec un tragique accident dans Séoul. Une famille aisée se trouve liée à cet accident : le fils aîné, chirurgien ; le plus jeune fils, avocat. Le chirurgien est marié et père d’un adolescent perturbé. Ils hébergent et prennent soin de la grand-mère démente. L’avocat est remarié à une jeune femme. Il a une fille adolescente d’un premier mariage et un bébé avec sa nouvelle femme. Rapidement le film change de direction et Hur Jin-Ho se centre sur les deux adolescents et les liens familiaux, jusqu’à leur rupture.

« A normal familiy » bénéficie d’une réalisation impeccable, au rythme soutenu et haletant, décortiquant les rapports familiaux dans des décors luxueux, restaurant autour de mets savoureux ou appartements. Le spectateur suit aussi l’histoire en milieu hospitalier, en prison ou dans les rues de Séoul.

La question du mal et de la violence est récurrente dans le cinéma Sud-Coréen : ici les constats sont effrayants et ne laissent personne indemne. On cherche en vain à comprendre comment la famille « normale  » en apparence en est arrivée là, les causes sont multiples et explorées de façon implacable, avec une grande finesse par le réalisateur.

J’ai trouvé ce film vraiment excellent de bout en bout, glaçant, posant les bonnes questions.

Sur Sens critique.

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« Dracula » de Luc Besson ***

J’ai aimé beaucoup de choses dans ce « Dracula » de Luc Besson.

L’originalité et la fluidité du scénario, centré sur l’histoire d’amour très romantique entre Dracula et Mina/Elisabeta ; avec un final plutôt lumineux.

Les acteurs vraiment très bons : Caleb Landry Jones presque émouvant, ce qui est rare pour un Dracula ; Zoë Bleu Sidel, Christopher Waltz.

Certaines scènes très réussies : la scène dans la fête foraine et la soirée que Dracula passe avec Mina; des scènes chorégraphiées (pas toutes) avec le parfum de Dracula.

La musique envoûtante de Danny Elfman, compositeur qui travaille aussi pour Tim Burton.

Je ne me suis pas ennuyée, je me suis prise dans le suspense.

Pourtant, quelque chose dans l’esthétique du film m’a déplu. Certains décors et costumes, certaines chorégraphies se voulant kitsch et gothiques me semblaient grotesques, voire grand guignolesques.

Parfois l’horreur se prêtait plutôt au rire, comme la scène inspirée de « L’exorciste » avec une décapitation.

C’est finalement un film intéressant assez atypique qu’on peut aimer ou non.

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« Jurassic World : Rebirth « de Gareth Edwards ***

Quelques années après le retour des dinosaures dans la vie quotidienne des humains, les espèces disparaissent à cause de la maladie et du climat. De plus, plus personne ne s’intéresse aux dinosaures.

C’est alors qu’un responsable de laboratoire médical contacte Zora (Scarlett Johansson), une mercenaire et le Pr Henry Loomis (Jonathan Bailey), pour une mission en région équatoriale, dernier sanctuaire des grands reptiles. Ils y rejoignent Duncan (Mahershala Ali) et son équipe.

Une famille qui traverse l’Atlantique en voilier croisera leur chemin.

J’ai bien aimé ce 7ème opus, un bon film d’aventures bien construit, avec frissons garantis, scènes mémorables et magnifiques paysages.

J’ai deviné assez rapidement qui allait se faire croquer, mais cela n’a rien ôté au suspens.

Avec quelques espèces de dinosaures qui n’apparaissaient pas dans les autres films, je vous laisse découvrir, si le film vous tente.

Dasola a aussi aimé.

Sur Sens critique.

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